Qu’est-ce que la phytothérapie ?
La phytothérapie consiste à traiter les maladies à l’aide de
plantes médicinales sous forme de préparations diverses et variées. Ces
préparations phytothérapeutiques comprennent des tisanes, mais également des
bains, des compresses, des inhalations et des enveloppements ; ainsi que
des gélules alimentaires, des comprimés, des gouttes, des suppositoires à base d'extraits de
plantes, ou encore, des extraits de plantes standardisés (extraits fluides de
texture comparable à du sirop, redoutablement efficaces chacun dans leur
indication). En général, la phytothérapie ne génère aucun effet secondaire indésirable,
pour peu qu’elle soit correctement dosée et que les contre-indications
inhérentes à chaque plante soient connues et respectées du patient : c’est
là tout l’intérêt de faire appel à votre humble herboriste ! Enfin, la phytothérapie
ne doit pas être confondue avec l'homéopathie. Il s'agit de deux approches
thérapeutiques totalement différentes.
Phytothérapie : une action puissante, des effets secondaires quasi nuls
Les médicaments phytothérapeutiques possèdent un large
spectre thérapeutique et pharmacologique, un mode d’action spécifique et
puissant, et présentent bien moins d'effets secondaires que les médicaments allopathiques.
Car si la phytothérapie trouve évidemment son origine dans la médecine
naturelle et a longtemps été décrié par un corps médical ne jurant que par la
transformation chimique, elle a aujourd’hui retrouvé ses lettres de noblesse
auprès de nombreux professionnels de santé et fait partie intégrante de la
médecine conventionnelle, toujours plus orientée vers les sciences naturelles. Notez
que plus de 20 000 espèces de plantes sont utilisées dans le monde pour
fabriquer des médicaments… Il serait un comble de les déconsidérer sous leur
forme la plus « pure » !
Tout est bon dans le chardon !
En phytothérapie, on utilise les parties suivantes d’une
plante : la feuille, la fleur, la partie aérienne entière, le bois, la gousse,
le fruit, les bourgeons, l'écorce, les graines, la tige, la racine, le rhizome,
l'extrémité des branches et les bulbes… Vous l’aurez compris, rien n’est à
jeter dans ce que nous offre la nature ! Mais la qualité des matières
premières, des plantes utilisées, n’est pas moins déterminante pour l'efficacité
de la phytothérapie que les parties sélectionnées. Là encore, votre
pharmacien-herboriste de Woippy est à même de vous apporter son expertise quant à la
qualité de tel ou tel produit. C’est la raison pour laquelle l’automédication
en parapharmacie ou en grande surface n’est pas prête à supplanter les
officines, tant les prix bas pratiqués sont bien souvent synonymes de
concentration dérisoire en principes actifs et de piètre qualité. Outre la teneur en substances
actives, la forme de la préparation représente, enfin, un facteur décisif pour
la qualité d’un traitement à base de plantes.
Brève Histoire des plantes médicinales, ces piliers du système médical
On retrouve la phytothérapie, ou médecine par les plantes,
dans toutes les cultures du monde, comme la base du système médical depuis des
temps immémoriaux. Dans les systèmes médicaux contemporains orientés vers la
médecine naturelle, elle occupe généralement une place équivalente aux
thérapies allopathiques ; elle est étroitement liée aux méthodes axées sur
le psychisme et l'âme (par exemple, le chamanisme) et aux thérapies
comportementales. La phytothérapie est également un pilier de la médecine
traditionnelle chinoise : le premier herbier a été créé en Chine 3000 ans
avant J.-C. et répertorie environ 1000 plantes médicinales. Du reste, les plus
anciennes archives historiques sur les plantes médicinales remontent à 6000 ans
et sont rédigées en écriture cunéiforme sur des tablettes d’argile. Elles ont
été découvertes dans le golfe Persique. Un papyrus de l'Égypte antique
répertorie quant à lui plus de 600 plantes et leurs domaines d'application. Hippocrate,
le fondateur de la médecine scientifique, s'est intéressé aux herbes en 500 avant Jésus-Christ, tout comme le médecin Dioscoride, dont le manuel médical -datant du 1er
siècle après Jésus-Christ- a longtemps été considéré comme l’ouvrage référence des
herboristes. C'est à peu près à la même époque que le naturaliste et écrivain romain Pline
l'Ancien a rédigé son dictionnaire des plantes médicinales en 12 volumes. Au
deuxième siècle après Jésus-Christ, les plantes médicinales occupent une place
de choix dans la pharmacopée du médecin Claude Galien, qui est considéré
comme le fondateur de la pharmacologie moderne.
Anecdote : Au Moyen Âge, les moines et les nonnes
développent un rôle essentiel dans la science des plantes médicinales. Le
théologien Paracelse y apporte sa théorie des signatures (pendant médicinale de
la physiognomonie d’Aristote), selon laquelle l'aspect de la plante permet de
déduire ses propriétés médicinales. Pour l’anecdote, cette théorie, largement
contestée dès le XVIIe siècle, totalement abandonnée par le monde savant du
Siècle des Lumières, et longtemps moquée (la théorie des signatures n’est plus guère
étudiée aujourd’hui que pour son intérêt culturel et historique), s’est vue
récemment confirmée de manière partielle par de nouvelles recherches ! La
pulmonaire, par exemple, qui rappelait à Paracelse le tissu pulmonaire en
raison de ses feuilles tachetées, est utilisée en tisane pour traiter les
maladies chroniques des voies respiratoires… Ceci dit, soyez rassuré, votre
humble herboriste se fie bien plus aux effets constatés des plantes sur
l’organisme qu’à leur esthétique !
Chasse aux herboristes et phytothérapie moderne
La persécution de nombreux hommes et femmes herboristes en
tant que sorciers et sorcières, les vastes répercussions -négatives par endroits-
de la philosophie des Lumières et le développement moderne de la pharmacie,
souvent qualifié de "triomphe de la chimie", ont entraîné la perte de
nombreuses connaissances en matière de santé. Connaissances que le corps
médical redécouvre aujourd'hui peu à peu, études à l’appui. En particulier, en
Allemagne, où déjà au 19e siècle, le prêtre Sebastian Kneipp (qui a par la
suite donné son nom à la médecine Kneipp), comme son homologue curé et
naturopathe suisse Johann Künzl et le « curé-herboriste » autrichien Hermann
Weidinger au 20e siècle (oui, les germanophones sont très portés sur les plantes)
ont perpétué la tradition de la phytothérapie. Jusqu’à ce que le médecin allemand
Rudolf Fritz Weiss lui offre une base scientifique et fonde la première chaire
de phytothérapie d’Allemagne, veillant à ce que la discipline soit reconnue par
la médecine conventionnelle. Le médecin et écrivain français Henry Leclerc
œuvrera parallèlement, dans l'Hexagone, à cette même démarche (son Précis de Phytothérapie est
publié en 1922). Il est l’inventeur du mot phytothérapie,
qu’il emploie dans ses écrits dès 1913 ; Eric Frederick William Powel, praticien
anglais de l'herboristerie et de l'homéopathie, introduira le terme en anglais
en 1934 et Rudolf Fritz Weiss en allemand un peu plus tard.
La pharmacognosie
Alors que la phytothérapie s'intéresse à l'effet des
substances végétales sur les personnes malades et à l'utilisation des plantes
médicinales comme thérapie, la pharmacognosie étudie la composition chimique de
la pharmacie végétale. Ce faisant, ses composants sont en partie décomposés en
principes actifs individuels qui, indépendamment de la structure globale de la
plante, peuvent avoir des effets différents et parfois même dangereux à haute
dose, là où ils étaient bénéfiques en faible quantité. De nombreux médicaments
de la médecine traditionnelle contiennent ces fameux principes actifs de
plantes.
L'automédication en phytothérapie
La phytothérapie est souvent utilisée en automédication. Les
tisanes, en particulier, qui pour pouvoir déployer toute leur efficacité,
doivent être récoltées, stockées, préparées et utilisées dans les règles de
l’art. Pour l'usage interne, elles doivent de préférence être consommées le
matin à jeun et le soir avant d'aller se coucher, et entre-temps,
éventuellement, une à deux heures après le déjeuner. Les substances actives
sont en effet mieux absorbées par les muqueuses lorsque l'estomac est vide. Le
dosage recommandé est généralement de 1 à 2 cuillères à café par tasse, la
moitié pour les enfants de moins de 6 ans. Les tisanes contre la toux peuvent
être sucrées avec du miel ; la plupart des autres tisanes -par exemple, pour
le tractus gastro-intestinal- devraient être consommées sans sucre. Il est
préférable de boire les tisanes par petites gorgées et au calme. Les
spécialistes préfèrent parfois utiliser certaines herbes seules plutôt qu’en
mélange. Les ingrédients respectifs des mélanges disponibles prêts à l'emploi
nécessiteraient d'ailleurs, parfois, des modes de préparation de la tisane très différents de ceux appliqués…
Les infusions en phytothérapie
Il est préférable de verser de l'eau bouillante sur les
parties délicates des plantes telles que les fleurs, les feuilles et les
graines (par exemple, les fleurs de camomille) ainsi que sur certaines racines
qui contiennent des huiles essentielles ; de laisser infuser pendant cinq à dix
minutes et de filtrer. Pour éviter que les huiles essentielles ne s'évaporent,
il est recommandé de couvrir l’infusion. Là encore, le mode de préparation a
son importance. Par exemple, suspendre des sachets d’herbe dans de l'eau
chaude aboutit à une solution de principes actifs différente de celle obtenue
en y versant l’eau à température frémissante. Les fleurs de mauve, par exemple,
doivent être arrosées d'eau tiède et infusées pendant au moins une heure pour
libérer pleinement leurs composants.
Cuisson des herbes en phytothérapie
Certaines herbes et racines (par exemple, la racine de guimauve) doivent être rincées à l’eau froide avant d’être portées à
ébullition.
Décoction en phytothérapie
Certaines herbes et la plupart des racines, écorces et bois
- surtout ceux contenant des tanins et de la silice- doivent être bouillis
pendant environ 10 à 15 minutes, puis filtrés. Les substances actives sont plus
difficiles à extraire des parties rigides des plantes.
Extrait à froid en phytothérapie
Les substances actives sensibles à la chaleur et facilement
solubles dans l'eau, comme celles contenues dans l’infusion à la valériane ou au gui, peuvent également être dissoutes dans de l'eau froide. Pour cela,
les herbes doivent être immergées pendant au moins 30 minutes. Elles peuvent
toutefois contenir des germes qui ne sont pas détruits par une préparation
froide. Pour certains germes, par exemple les levures vivant sur les baies,
c'est souhaitable : ils peuvent ainsi contribuer à la régénération de la
flore intestinale.
Solutions de gargarisme en phytothérapie
Pour les gargarismes et les bains de bouche, on utilise des
tisanes non sucrées ; par exemple, une infusion de sauge. Le temps de
gargarisme pur doit être d'au moins d’une minute, on conseille généralement une
à cinq minutes.
Inhalations en phytothérapie
On verse un litre d'eau bouillante sur quatre à six
cuillères à soupe d'herbe médicinale. Les vapeurs qui s'élèvent sont inhalées
en se couvrant la tête avec une serviette (ou grâce à un petit inhalateur).
Bains en phytothérapie
Pour les bains complets ou partiels, la phytothérapie préconise
de grandes quantités d’infusions ajoutées à l'eau du bain ou utilisées pures
pour baigner les membres blessés. Par exemple : pour un litre d’eau de bain,
on prépare généralement une cuillère à soupe de plante médicinale et on laisse
infuser pendant dix minutes. La température du bain doit être comprise entre 35
et 40 degrés. Pour les bains de pieds à température progressive, destinés à la
circulation sanguine et à la défense contre les refroidissements, la
température doit être lentement augmentée (à proscrire en cas de maladies
veineuses ou de troubles cardio-vasculaires !).
Lavages et compresses en phytothérapie
En cas d'impuretés cutanées, on peut utiliser des morceaux de
gaze ou des linges trempés dans une tisane chaude pour faire des lavages avec
des mouvements circulaires. Les lavages des yeux s'effectuent de l'extérieur
vers l'intérieur. Les bandages et les compresses humides doivent être laissés
sur la peau pendant quelques heures et toujours fraîchement imprégnés de
tisane.
Autres formes d'utilisation en phytothérapie
Les plantes médicinales peuvent également être utilisées
sous forme de teintures (extraits hydroalcooliques), d’extraits fluides (EPS - extrait de plante standardisé), de macérâts huileux, de pommades, de vin médicinal, de
jus d'herbe, de poudre, de gouttes ou de dragées. Il est possible d’en trouver
certains, prêts à l'emploi, en pharmacie ou herboristerie. La pharmacie-herboristerie
Fleurentin propose notamment des infusions, des ampoules, des gélules, des
extraits liquides (extraits de plantes standardisés et solutions en stick), les
huiles essentielles et des Fleurs de Bach.
Domaines d'application des infusions de plantes médicinales
Les tisanes de plantes médicinales sont toujours considérées
-la plupart du temps sans connotation péjorative aucune- comme des « remèdes
de grand-mères », à la fois doux et efficaces pour de nombreux bobos et
petits maux ou à titre préventif. Par exemple, en cas de rhume naissant, de
maladie respiratoire, d'épuisement, de troubles du sommeil, de maladies
cardio-vasculaires légères, de troubles gastriques, de problèmes digestifs, de
troubles de la vessie, de troubles menstruels, de maladies légères de la peau
et de petites blessures.
Mode d'action, efficacité et conservation des plantes en phytothérapie
L'action des plantes médicinales repose sur leur composition
généralement complexe en huiles essentielles, substances amères, tanins,
minéraux, oligo-éléments et vitamines, etc. Nombreuses sont les plantes
médicinales (à commencer par les quelques centaines de plantes inscrites à la pharmacopée française) ayant fait l'objet d'études cliniques et à l’efficacité scientifiquement
prouvée. La phytothérapie est une redoutable méthode de médecine
complémentaire, aujourd’hui recommandée par les médecins, surtout en cas de
maladies légères, chroniques ou psychosomatiques et de troubles fonctionnels.
Comme nous l’évoquions en début d’article, pour que les herbes médicinales conservent
leurs substances actives, il est essentiel de les récolter, de les sécher, de
les traiter et de les conserver correctement. La composition des ingrédients
varie également en fonction du lieu. Les tisanes doivent être conservées
pendant un an maximum, à l'abri de la lumière et de l'humidité, dans des bocaux
propres et hermétiques.
Risques et dangers de la phytothérapie
Les femmes enceintes et les personnes souffrant de maladies
organiques ne devraient en aucun cas s'automédiquer, qu’ils aient recours à phytothérapie
ou à des médicaments allopathiques ; mais se faire conseiller par leur
médecin traitant ou leur pharmacien-herboriste.
Les personnes immunodéprimées ne devraient consommer des
extraits froids que sous contrôle médical, car ces derniers peuvent contenir
des germes.
Les combinaisons de plantes sur l’initiative d’un patient
seul, sans l’avis d’un herboriste, ainsi que la consommation d’une même tisane
pendant plusieurs semaines et en grande quantité peuvent avoir des effets
secondaires importants, voire dangereux.
Malgré l'efficacité prouvée des plantes, il est recommandé
de ne pas oublier les limites de la phytothérapie lors de l'automédication. En
cas de doute et sans amélioration notable et rapide d’un trouble bénin soigné avec
des plantes, demandez conseil à votre médecin traitant ou à votre pharmacien (si
les symptômes ne disparaissent pas au bout de trois jours, il convient de
demander un avis médical ; les douleurs et la fièvre en réaction aux
plantes sont des signes d'alarme qui nécessitent également une consultation
médicale).
En cas de douleurs gastriques, de nausées, de vomissements,
de diarrhées ou de réactions cutanées allergiques, le traitement par les
plantes doit être immédiatement interrompu.
De l’importance de la qualité des herbes médicinales en phytothérapie
Nous l’avons abordé par deux fois lors de la rédaction de
cet article, mais votre humble herboriste (qui ne craint nullement la
redondance, laissant volontiers la noble vocation de son blog l’emporter sur un
style littéraire aussi désespérant qu’assumé) tient à insister sur un point
important : les herbes médicinales vendues en pharmacie répondent aux
exigences minimales fixées par la pharmacopée française et sont soumises à des
contrôles stricts. Ce n'est pas le cas des tisanes de supermarché, qui sont
vendues en tant qu’aliments et non en tant que médicaments. Les herbes peuvent,
de surcroît, être contaminées par des toxines environnementales. Il est donc préférable
de choisir des herbes à la qualité contrôlée. Par une équipe exceptionnelle. Et
modeste. Accueillante, compétente, et de proximité, qu’on vive à Metz ou à
Woippy (ville désormais célèbre grâce aux réseaux sociaux pour sa gaieté
enfantine : une simili-ambiance règne dans l’officine). Si, du reste, vous
souhaitez cueillir vous-même des herbes médicinales, il convient de disposer
d'excellentes connaissances botaniques afin de pouvoir les distinguer de leurs
cousines ressemblantes et parfois toxiques. Notez que les plantes menacées
d'extinction ne doivent pas être cueillies. Les racines ne doivent généralement
pas être déterrées afin de ne pas mettre en danger la croissance sauvage. Il
est préférable de les prélever dans des cultures dédiées.
Nota Bene : les produits phytopharmaceutiques fabriqués
industriellement n'ont pas toujours le même effet que les plantes médicinales dont
ils sont issus et qui sont disponibles, par exemple, sous forme de tisanes.