Le curcuma peut-il remplacer les médicaments ?

Le curcuma peut-il remplacer les médicaments ?

Publié le: 25/06/2022 Nombre de lectures: 3001

Le curcuma, fameuse racine d'Asie qui sa transmet sa couleur jaune caractéristique au non moins fameux curry, est bien plus qu'une simple épice appréciée en cuisine. Il est en effet, depuis des temps immémoriaux, un remède pilier de l'ayurveda, cet art thérapeutique indien millénaire (probablement la médecine holistique la plus ancienne connue à ce jour). Nombre d’études occidentales contemporaines ont démontré que la curcumine, la substance active du curcuma, a des effets similaires à ceux de nombreux médicaments. Une question se pose alors (à laquelle votre humble herboriste va tenter de répondre ici) : peut-on seulement songer à substituer la consommation quotidienne de curcuma ou de curcumine à la prise de certains médicaments ?

Les avantages certains de la curcumine

Lorsque vous achetez du curcuma, il est louable (et n’y voyez pas là un conseil d’épicier, mais bel et bien celui d’un professionnel de santé) de vous en procurer une quantité conséquente : l’or en poudre, comme on serait tenté de le surnommer, est en effet utile pour de nombreux troubles, tant sur le plan thérapeutique pur (en complément d’un traitement d’attaque allopathique) que préventif ; et vous pouvez intégrer quotidiennement le curcuma, sans risque, à votre alimentation. Il est en quelque sorte, un admirable traitement de fond préventif pour de nombreuses affections. Pour certains troubles, il est toutefois plus judicieux de consommer la curcumine sous forme de gélules, en cures régulières sur du long terme. De nombreuses études sont disponibles sur les propriétés médicinales épatantes du curcuma, et surtout, de sa substance active, la curcumine (à laquelle nous avons déjà consacré plusieurs articles) pour la santé. Il est d’autant plus légitime de se demander, compte tenu des nombreux effets secondaires de certains médicaments et du spectre réduit des effets indésirables de la curcumine, si nous n’aurions pas intérêt à carrément les remplacer par le curcuma… De la même façon, alors que de nombreux médicaments sont susceptibles de nuire au bon fonctionnement du foie, la curcumine a un effet hépatoprotecteur. Alors que les médicaments affaiblissent le système immunitaire, la curcumine a un effet immunostimulant ! Enfin, alors que certains médicaments augmentent le taux de glycémie, la curcumine contribue à le réguler… Mais alors, quel médicament pourrions-nous sérieusement songer à remplacer par le curcuma, et cela serait-il réellement envisageable en l’état actuel de nos connaissances sur les effets à long terme de cette épice miraculeuse ?

La curcumine plutôt que les antidépresseurs ?

La fluoxétine est un antidépresseur mondialement connu, également utilisé pour traiter les troubles obsessionnels compulsifs, la boulimie et les crises qui y sont inhérentes. Toutefois, ses effets secondaires peuvent être conséquents, au point que certains patients arrêtent de prendre leur médicament, notamment pour cause de troubles du sommeil, d'anxiété, de nervosité, de nausées, de fatigue, de fortes éruptions cutanées ou même d'idées suicidaires. La curcumine, quant à elle, aurait un effet antidépresseur. En 2014, des chercheurs indiens ont mené une étude durant laquelle ils ont comparé l'effet de la curcumine à celui de la fluoxétine en cas de dépression. Pendant six semaines, 60 patients à qui on avait diagnostiqué une dépression ont reçu soit 20 mg de fluoxétine par jour, soit 1000 mg de curcumine, soit une combinaison des deux. In fine, les patients qui se sont le mieux portés sont ceux qui ont pris les deux médicaments. Il est toutefois intéressant de noter que les patients qui n'avaient pris que de la curcumine se portaient aussi bien que ceux qui n'avaient reçu que de la fluoxétine. En cas de dépression, l’idéal serait d'inclure la curcumine dans le traitement, en renfort du médicament allopathique.

De la curcumine à la place des anticoagulants ?

Divers médicaments sont prescrits pour fluidifier le sang. Quelques premières études indiquent que de la même manière, le curcuma a un effet anticoagulant. La curcumine étant considérée comme « sûre » à des doses allant jusqu'à 8 g (selon une étude de 2019), les effets secondaires connus pour les anticoagulants habituels (hémorragies internes) n'apparaissent pas avec la curcumine. Malheureusement, le dosage du curcuma en tant qu’anticoagulant, chez l'homme, n'est pas connu : il n'est donc pas possible d'échanger simplement vos médicaments anticoagulants habituels contre du curcuma ou de la curcumine ! Cependant, à titre préventif, on peut dans tous les cas recourir à des préparations à base de curcuma ou de curcumine pour améliorer la qualité de son sang.

De la curcumine au lieu de la metformine ?

La curcumine peut être utile en cas de diabète ou de prédiabète. Dans une étude de 2009, des analyses cellulaires ont montré que la curcumine avait un potentiel 400 à 100 000 fois supérieur à celui de la metformine pour certains mécanismes d'action. La metformine, médicament couramment prescrit en cas de diabète, inhibe l'absorption du sucre par l'intestin ainsi que la formation de glucose dans le foie. La curcumine est, quant à elle, censée réduire le taux de glycémie de manière très similaire. On sait qu’elle peut atténuer, à long terme, les séquelles du diabète. Dans une étude de 2013, il est également dit que la curcumine pourrait être intégrée dans le traitement du diabète, car elle aide à réguler le taux de glycémie. Et en 2012, on a constaté que l'administration de 1500 mg de curcumine par jour (pendant 9 mois) réduisait chez un patient le risque que son prédiabète se transforme en diabète réel. Là encore, faute de certitude quant au dosage approprié de la curcumine pour lutter contre le diabète, mieux vaut s’en servir d’accompagnement au traitement habituel et de traitement préventif.

De la curcumine au lieu de statines ?

En cas de taux de cholestérol élevé, on prescrit généralement des statines (hypocholestérolémiants). Celles-ci sont censées non seulement faire baisser le taux de cholestérol, mais aussi avoir un effet positif sur l'état des parois des vaisseaux sanguins, réduisant ainsi le risque d'artériosclérose ou empêchant la formation de dépôts supplémentaires sur les parois des vaisseaux sanguins. L'ensemble des parois de ces vaisseaux sanguins est appelé endothélium vasculaire. Si l'endothélium vasculaire est sain, il empêche les plaquettes de s'agglutiner, libère des substances anti-inflammatoires, dilate les vaisseaux et lutte contre le stress oxydatif naissant. En bref, dans l'idéal, les vaisseaux sanguins peuvent se maintenir en bonne santé. Cependant, une fois que l'endothélium vasculaire est endommagé (ce qui est souvent le cas en cas de diabète), une grande partie de la protection endothéliale propre au corps décrite ci-dessus fait défaut ; et des incidents cardiovasculaires (par exemple des infarctus du myocarde) peuvent survenir. Il convient de souligner que les statines, indiquées pour prévenir la détérioration des vaisseaux sanguins et par extension, éviter ce genre d’incidents, peuvent paradoxalement contribuer au développement d'un diabète dangereux pour l'endothélium vasculaire : il n'est donc pas toujours avantageux d’en prescrire aux diabétiques. Les autres effets secondaires des statines sont nombreux : sensation de faiblesse, douleurs musculaires, problèmes oculaires, dommages au foie et aux reins… Une alternative aux statines serait donc une piste intéressante à creuser, surtout pour les diabétiques.

Étant donné que la curcumine a un effet positif sur le taux de glycémie et qu'elle exerce, en outre, un effet anti-inflammatoire (qui pourrait à son tour protéger les vaisseaux sanguins), on a vérifié en 2008 sur 72 diabétiques de type 2 si l'on pouvait recommander la curcumine à la place des statines. Pendant huit semaines, les volontaires ont pris soit une préparation standardisée de curcumine (150 mg à chaque fois) deux fois par jour, soit la statine atorvastatine (10 mg une fois par jour), soit un placebo. Au début de l'étude, l'état vasculaire de tous les patients était mauvais. Au bout de huit semaines, la situation s'est nettement améliorée - sauf pour le groupe placebo. Dans les groupes statines et curcumine, les marqueurs d'inflammation ont diminué et le taux de malondialdéhyde (un biomarqueur du stress oxydatif) a également baissé. L'effet de la curcumine, selon les chercheurs, était comparable à celui de la statine utilisée (atorvastatine). L'atorvastatine fait partie des statines les plus puissantes disponibles. Notez qu'il ne s'agit pas, ici, de souligner un effet hypocholestérolémiant, sur la base duquel on serait tenté de prendre de la curcumine à la place de statines, mais "seulement" d’insister sur l’effet vasoprotecteur de la curcumine et d’en démontrer l’utilité, une fois de plus en renfort d’un traitement classique. Le Nutrition Journal a toutefois publié en 2017 une étude prometteuse selon laquelle les personnes ayant fait une cure de curcuma ont ressenti un effet cardioprotecteur naturel ; étude au cours de laquelle le taux de cholestérol LDL et également les triglycérides ont pu être réduits. Cependant, on ne sait pas, là encore, quel dosage exact, quel type de préparation et quelle fréquence de prise sont nécessaires pour obtenir une réduction optimale et fiable des lipides sanguins. La poudre de curcuma pure ne suffirait pas et il faudrait recourir à des préparations à biodisponibilité renforcée. Dans les études menées jusqu'à présent, 900 à 1000 mg de curcumine ont généralement été prescrits.

Vous pouvez, du reste, utiliser la curcumine en complément des statines, si vous ne les tolérez pas vraiment ces dernières et surtout, si elles provoquent chez vous des douleurs musculaires. Dans une revue de 2017, deux études cliniques ont montré que la curcumine pouvait soulager les douleurs musculaires liées aux statines après seulement 4 à 5 jours de cure.

N. B. : une autre substance protectrice contre les troubles musculaires (myopathies) liés aux statines est la coenzyme Q10.

Remarque : d'un point de vue holistique, l'obtention d'un taux de cholestérol sain ou de vaisseaux sanguins sains implique plusieurs mesures simultanées. Mieux vaut donc vous en référer à votre médecin traitant et ne pas miser sur un seul remède, aussi naturel et efficace soit-il ; cela vaut pour la curcumine seule.

La curcumine plutôt que la cortisone ?

L'effet anti-inflammatoire est l'effet le plus connu du curcuma et de la curcumine. Le mécanisme d'action serait similaire à celui des glucocorticoïdes (cortisone). La cortisone est considérée comme un médicament anti-inflammatoire puissant, utilisé dans de nombreuses réactions aiguës (par exemple en cas d’allergie, de crise d'asthme, de poussée de maladies auto-immunes comme la sclérose en plaques, de maladie de Crohn, etc.), mais aussi de manière permanente dans les maladies inflammatoires chroniques : l’asthme, la bronchopneumopathie chronique obstructive, la maladie de Basedow et certaines maladies rhumatismales. Les corticostéroïdes, s’ils sont efficaces, peuvent avoir des effets secondaires désagréables, surtout lorsqu'ils sont prescrits à long terme. Outre la rétention d'eau, l’effet « gueule de bois », un fort appétit et bien souvent, le surpoids qui en découle, la cortisone peut réduire les défenses naturelles de l'organisme ; ce qui augmente le risque d'infection et par la même occasion, le risque d’un taux de glycémie trop élevé, qui entraîne à son tour un risque de diabète. La cortisone nuit également à la santé des os, et ce de plusieurs manières : elle réduit l'effet de la vitamine D, inhibe l'absorption du calcium par l'intestin, favorise l'élimination du calcium par l'urine, bloque les ostéoblastes (cellules qui construisent les os) et affaiblit la musculature (les os ont besoin de muscles forts). Pourrait-on, dans l’optique d’endiguer ces effets secondaires, prendre de la curcumine à la place de la cortisone ? La curcumine régule en effet, c’est aujourd'hui admis, le taux de glycémie ; elle renforce les défenses immunitaires et a même un effet positif sur la santé osseuse. En ce qui concerne cette dernière propriété, il existe une étude clinique contrôlée fort intéressante, datant de juin 2018. On y a découvert que sur 100 patients, l'administration quotidienne de 110 mg de curcumine par kilogramme de poids corporel pendant 6 mois -par rapport à un groupe placebo- pouvait inhiber la progression de l'ostéoporose. La densité osseuse a diminué au cours de l'étude dans le groupe placebo, alors qu'elle a augmenté dans le groupe curcumine. Du reste, la dose de curcumine était très élevée : une telle dose ne doit être introduite dans l’organisme que progressivement et avec l’approbation d’un médecin !

Les effets secondaires négatifs typiques de la cortisone ne sont donc pas comparables à ceux, quasi inexistants, de la curcumine (dont les effets secondaires bénéfiques, par ailleurs, sont nombreux). Mais l'effet anti-inflammatoire de la curcumine seule est-il suffisant ?

Effet anti-inflammatoire de la curcumine et de la cortisone

En 2016, deux pharmaciennes, les professeurs Alexandra K. Kiemer et Jessica Hoppstädter, de l'université de la Sarre, ont vérifié les propriétés anti-inflammatoires du curcuma. Sa substance active, la curcumine, influencerait -tout comme la cortisone- une certaine protéine (la protéine GILZ : glucocorticoid-induced leucine zipper) qui joue un rôle clé dans les inflammations du corps. La GILZ empêche les inflammations et veille à ce que, par exemple, après une infection, la réaction inflammatoire, utile dans un premier temps, ne devienne pas chronique. La cortisone agit contre les inflammations chroniques en augmentant le taux de GILZ dans le corps. Or, la curcumine peut, comme la cortisone, stimuler la formation de GILZ. À la différence que si la cortisone stimule d'autres processus dans le corps (ce qui entraîne les effets secondaires typiques de la cortisone), ce n'est pas le cas de la curcumine. Les essais ont toutefois eu lieu dans des éprouvettes… On ne sait pas, une fois de plus, à quelles doses exactes la curcumine pourrait être utilisée pour remplacer la cortisone. On sait toutefois, grâce à différentes études (in vitro, sur animal, cliniques), que l'effet anti-inflammatoire est présent entre 1125 et 2500 mg. En fonction des symptômes individuels, il s'agit convient donc -comme c'est souvent le cas avec les remèdes naturels- de déterminer soi-même, progressivement, après conseil auprès de son médecin traitant et de son pharmacien, la dose dont on a besoin pour être soulagé. Il est probable que les préparations « normales » de curcuma trouvables dans le commerce ne suffisent pas en cas de maladies fortement inflammatoires, en raison de leur faible biodisponibilité ; le cas échéant, il faut recourir à des préparations adaptées et correctement dosées en curcumine et en poivre noir.

Pourquoi les études sur ce sujet sont-elles rares ?

Si la curcumine est si prometteuse en matière d'inhibition des inflammations chroniques, peut-on s'attendre à d'autres études sur le sujet ? Malheureusement, peu d'espoir nous est permis, pour la bonne raison que des études cliniques de grande envergure devraient être présentées par les fabricants de substances actives pour obtenir une autorisation de mise sur le marché en tant que médicament. En l'absence de protection par brevet, celles-ci ne peuvent pratiquement pas être financées… C'est pour cette même raison que les études sur d’autres compléments alimentaires a priori très efficaces sont si peu nombreuses. Suite à quoi le nombre restreint d’études sur tel ou tel remède naturel nuit très largement à sa démocratisation et participe à la perte d’un savoir ancestral.

Du curcuma et de la curcumine à la place des médicaments ?

Cet article, au titre quelque peu provocateur, il faut bien l’avouer, n’a définitivement pas pour but de vous encourager à remplacer, là, tout de suite, votre traitement allopathique par des gélules de curcuma. Au contraire… Si vous y songiez, votre humble pharmacien-herboriste de Woippy tient à souligner qu’en aucun cas, la médecine traditionnelle chinoise, la médecine ayurvédique, ou une quelconque médecine alternative ne devrait avoir pour vocation de remplacer la médecine allopathique, formidable à bien des égards ; mais à la renforcer, à l’ajuster, à en soustraire les effets secondaires et à en optimiser l’efficacité. De la même manière, le curcuma et sa substance active, la curcumine, sont à votre disposition, au quotidien, pour renforcer, ajuster, optimiser l’efficacité des médicaments allopathiques et en diminuer les effets secondaires néfastes. Le curcuma, consommé à titre préventif, jouit d’un potentiel exceptionnel pour nous garder en bonne santé. En cas de suspicion d’une affection, lors, par exemple, de la présence des premiers indices d'un début de diabète ou de problèmes cardiovasculaires, il sera tout à votre honneur d’évoquer le curcuma avec votre médecin et de consulter votre pharmacien pour appréhender avec certitude le dosage nécessaire à lutter contre le développement d’un trouble mineur. Il est tout à fait possible que vous n'ayez pas besoin, dans un premier temps, de prendre des médicaments : une cure de curcuma vous permettra d’en avoir le cœur net. Enfin, ce dernier s’accorde la plupart du temps à merveille, comme nous l’avons précédemment évoqué, avec les traitements allopathiques pour en renforcer l’action et en atténuer les effets négatifs. Avec le temps, vous pourriez même vous permettre de réduire le dosage de vos médicaments allopathiques. Là encore, il est important de prendre conseil auprès de votre médecin et de votre pharmacien. Enfin, vous pouvez toujours utiliser le curcuma sans modération dans votre cuisine : nombreuses sont les recettes délicieuses à base de curcuma, facilement utilisable avec le riz, les légumes, le poisson, sans oublier le bien nommé "lait d'or" ou "curcuma latte", véritable trésor pour la santé au quotidien ! Bon appétit rime ainsi avec longue vie !


CONSULTER LA PREMIÈRE PARTIE DE NOTRE DOSSIER SPÉCIAL CURCUMA : LA CURCUMINE CONTRE LES CANCERS DE LA CAVITÉ BUCCALE ?


CONSULTER LA DEUXIÈME PARTIE DE NOTRE DOSSIER SPÉCIAL CURCUMA : CURCUMA ET DIABÈTE, LE POINT SUR CE QU'ON SAIT !

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