Déprime et dépression saisonnière, les prévenir et les combattre
La dépression saisonnière est principalement due à un manque
de luminosité ambiante, dès l’automne venu et tout au long de l’hiver. Mais comment
se manifeste-t-elle vraiment et comment la combattre ? Comment prévenir sa forme "douce", la déprime saisonnière ou "blues de l'hiver" ?
Dépression saisonnière : baisse de moral et manque de lumière
Près d’un Français sur trois souffrirait de dépression saisonnière,
ou tout du moins, en ressentirait de légers symptômes communément attribués au
« blues de l’hiver ». La cause première de ce fichu blues, c’est le
peu d'heures d'ensoleillement dont nous jouissons du début de l’automne jusqu’à
la fin de l’hiver ; autrement dit, le manque de luminosité ambiante,
d’autant plus mal vécue qu’hier encore, en juin, juillet et août, bon nombre
d’entre nous profitaient du soleil et de la chaleur des terrasses, en bord de
mer pour les plus chanceux. Soudain arrive septembre : les jours
raccourcissent et le soleil fait place aux précipitations régulières (ami
lecteur, au cas où tu serais tombé tout à fait par hasard sur le blog de l’herboristerie
Fleurentin et que tu te demandes depuis quel pays merveilleusement tempéré nous
rédigeons nos articles, emmitouflés dans une dizaine de plaids au coin d’un
immense feu de cheminée en buvant nos propres tisanes -par ailleurs
délicieuses-, sache qu’il ne s‘agit là ni d’une officine irlandaise, ni d’un
établissement gallois ou canadien… Mais bien d’une pharmacie de
l’arrondissement de Metz, plus précisément une pharmacie-herboristerie située à
Woippy, petite commune de Moselle au climat quasi-polaire de septembre à mai). Météo
qui affecte non seulement notre vie sociale, mais aussi notre humeur. Mauvais
temps… égale mauvaise humeur, c’est aussi simple que ça. Lorsque les symptômes
s’intensifient et se manifestent de manière récurrente, d’année en année, on
peut alors parler de dépression. On estime, par ailleurs, qu'une dépression sur
dix diagnostiquée en hiver relève de la dépression saisonnière. En théorie, cette
dernière peut également survenir au printemps ou en été, mais cela est
extrêmement rare, surtout lorsqu’on vit dans une région où ces saisons
n’existent pas. Comme nous. À notre grand dam.
Blues l’hiver et dépression saisonnière, même combat ?
Dans le langage courant, la dépression saisonnière est bien souvent
qualifiée à tort de "blues de l’hiver", « blues de
l’automne » ou, un peu moins abusivement, de « déprime
saisonnière ». Au risque de nous répéter (mais c’est là un point non négligeable), il convient de distinguer clairement déprime saisonnière et dépression
saisonnière. Le blues de saison revêt, c’est certain, les attributs d’un trouble
affectif saisonnier, et génère, à n’en pas douter, une forme d'humeur dépressive…
Mais ses effets sont bien moins intenses. C’est à souligner : blues,
spleen, mélancolie et déprime passagère n’ont pas les mêmes conséquences qu’une
dépression, qu’elle soit saisonnière ou non. Le blues de l’hiver est donc perçu
comme une forme modérée, dite subsyndromique, de la dépression saisonnière ;
ses caractéristiques sont les mêmes, mais l’intensité des symptômes et leur
durée varient. Ils relèvent plus, du reste, d’un léger sentiment de mal-être
que d’un réel épisode dépressif saisonnier (caractérisé par une profonde
tristesse, accompagnée d’idées noires, de pensées morbides, de ralentissements
physiques et psychiques, d’une perte d’envie et de volonté, de difficulté à
prendre des décisions et de disparition du plaisir). La personne atteinte du
blues de l’hiver peut, du reste, continuer à exercer son activité professionnelle et
entretenir des relations interpersonnelles stables au prix de quelques efforts
et de conseils bien avisés (voire conseils avisés un peu plus bas, à vous les
efforts).
Dépression saisonnière : ce qui se passe dans le corps
Le manque de lumière à l’heure d’hiver induit
deux processus déclencheurs de la dépression saisonnière et, à moindre échelle,
du blues de l’hiver :
- le corps produit davantage de mélatonine, une hormone du
sommeil qui, à haute dose, impacte négativement l'humeur ;
- le corps produit beaucoup moins de sérotonine, l'hormone
du bien-être.
Fatigue excessive, baisse d'énergie et de motivation sont
donc, en grande partie, les résultats directs d’un simple déséquilibre dû au
manque de lumière naturelle : + d'hormones du sommeil, - d'hormones du bonheur.
Les autres causes de la dépression saisonnière
En ce qui concerne une majorité de nos patients touchés par
la dépression saisonnière, on peut ajouter au manque de lumière un ou plusieurs
des facteurs suivant :
- une prédisposition génétique ;
- un déséquilibre hormonal (différent de celui, occasionnel,
précédemment évoqué) ;
- un stress récent (la pandémie ?) ;
- des conditions de vie difficiles (le
confinement ?);
- un manque d’interactions sociales (les sessions entre amis
sur Zoom ne suffiraient-elles pas ?) ;
- la prise de médicaments ;
- d’autres maladies (psychiques et/ou physiques).
La pandémie, le confinement qui en a résulté, les mesures
anxiogènes subies ces derniers mois jouent, à n’en pas douter, un rôle certain dans
le développement actuel des symptômes cités et des dépressions saisonnières en
cours et, malheureusement, de celles à venir.
Les symptômes de la dépression saisonnière
La dépression saisonnière se manifeste de prime abord, à
quelques détails près, de la même manière qu’un « simple » coup de
blues (d’où notre propension à amalgamer déprime et dépression). Elle se
traduit notamment par :
- un manque de
motivation ;
- un manque d'énergie ;
- une perte d'intérêt pour toute chose ;
- un abattement constant;
- une anxiété permanente ;
- une irritabilité inhabituelle ;
- de la négligence vis-à-vis de ses proches.
Comment lutter naturellement contre la dépression saisonnière ?
Les mesures suivantes peuvent aider à prévenir et soulager
les symptômes d'une dépression saisonnière, et –trop fort n’a jamais manqué- de
la déprime saisonnière (ou blues de l’hiver) :
La luminothérapie
La luminothérapie est l’une des méthodes reconnues pour
soulager les maladies dépressives qui suivent un schéma saisonnier. Grâce à des
lampes spéciales d'une « puissance » allant de 2 500 lux (le lux
est l’unité de mesure de la luminosité perçue par l’œil) à 10 000 lux, la
sécrétion de neurotransmetteurs est stimulée par l'œil et compense en quelque
sorte l'absence de lumière du soleil. Le déséquilibre précédemment évoqué « +
de mélatonine » et « moins de sérotonine » disparaît alors.
Luminothérapie, mode d’emploi
Le matin, juste après le réveil, placez votre lampe de luminothérapie à 50 -
80 cm maximum des yeux et éclairez votre visage, yeux ouverts, pendant environ
une demi-heure. Plus l'intensité lumineuse est plus faible, plus la durée d’exposition
doit être conséquente (par exemple : 2 500 lux = 2 h). Jusqu'à 90 % des
personnes souffrant de dépression saisonnière répondent favorablement à cette
thérapie sans le moindre effet secondaire.
Sortir, s’aérer pour lutter contre la dépression
Sortir beaucoup et régulièrement de chez soi, surtout lorsque
le froid se mêle au manque de luminosité, est nécessaire pour faire le plein de
vitamine D. En effet, 90 % de cette vitamine D, qui favorise la bonne humeur,
est produite par le rayonnement UV ; c'est-à-dire par les rayons du soleil
sur la peau. Pour prévenir une carence, il est donc conseillé de passer le plus
de temps possible dehors et de faire le plein de soleil. Il est également
recommandé de consommer des aliments contenant de la vitamine D, notamment des
poissons tels que : le saumon, le maquereau, les sardines à l’huile
d’olive en conserve, le thon, le hareng ou l’anguille ou les anchois. Les œufs,
les champignons, les huîtres, le fromage, le beurre, le lait et les yaourts
nature sont également vos alliés. Il est possible, enfin de compléter ses
apports nutritifs en vitamine D grâce à un complément alimentaire comme D3 Biane Gouttes,
du laboratoire Pileje, à base d'huile vierge de colza et de vitamine D3.
L'activité physique : un antidépresseur naturel
Pour lutter contre la dépression saisonnière ou le blues de
l’hiver, aux yeux de votre humble herboriste, rien de tel qu’une activité physique modérée, de préférence en plein air.
Les promenades en forêt peuvent avoir un véritable effet antidépresseur. Outre
la lumière supplémentaire, le mouvement a également un effet positif sur
l’humeur, une courte marche suffisant à stimuler jusqu'à un tiers de
l'irrigation sanguine de certaines régions du cerveau. Il en résulte une
augmentation considérable de la capacité de concentration et de mémorisation. Une
meilleure irrigation sanguine entraîne par ailleurs une plus grande sécrétion
d'endorphine, bénéfique pour le sentiment de bonheur. Les sports comme le vélo,
la natation ou la course à pied favorisent quant à eux la production de
dopamine (neurotransmetteur) dans le cerveau et sont donc essentiels au
sentiment de joie.
Prévenir la dépression saisonnière
Prévenir la dépression saisonnière par les plantes, à 100 %,
serait bien présomptueux, même de la part de votre herboriste préféré. En revanche, chacun peut
veiller, tout au long de l’année, à minimiser certains facteurs de risque tel
que le stress, ne serait-ce qu’en s’accordant un peu de temps pour « déconnecter »
et se faire du bien (par la pratique du yoga par exemple). À l’arrivée de
l’automne, une bonne hydratation couplée à un sommeil suffisant, à une
consommation modérée d'alcool (même si un bon vin chaud ne nous ferait pas de
mal), de nicotine (à proscrire, bien évidemment), à une réduction des situations propices au surmenage, à une
activité physique régulière en extérieur, et pourquoi pas, à la prise d’une
plante adaptogène tel que la rhodiole (qui empêche la destruction de la
sérotonine et de la dopamine) devrait vous permettre de lutter efficacement
contre le blues de l’hiver et de réduire nettement nos chances de sombrer dans
la dépression saisonnière. Si malgré tout cela, la mélancolie s’installe et prend
des proportions, pas de panique : il existe de nombreuses solutions
naturelles, telles que le safran, la griffonia ou encore le millepertuis (dont
il est préférable de faire usage en demandant conseil à votre pharmacien). Le Melioran, une association safran rhodiole, s'avère assez efficace pour améliorer les états de stress, d'anxiété, et l'humeur.
N. B. : une
psychothérapie classique peut également s’avérer efficace contre la dépression
saisonnière. Généralement, les professionnels de santé ont recours à une
thérapie cognitivo-comportementale (pratique centrée sur la cognition et le
comportement, qui vise à modifier positivement les croyances et pensées
négatives que le patient cultive sur lui-même).
Les antidépresseurs, uniquement en cas de forme sévère de la dépression saisonnière
Il est important de ne pas sous-estimer une éventuelle
dépression saisonnière et de consulter un médecin, si vous considérez le cap
franchi entre déprime et dépression. En effet, si vos symptômes de déprime
saisonnière vous apparaissent comme particulièrement sévères et récurrents, il
s’agit peut-être de dépression saisonnière. Et si ces mêmes symptômes de
dépression saisonnière ne disparaissent pas, en dépit d’un traitement naturel,
votre médecin traitant peut prendre la décision de traiter la maladie par des médicaments classiques (on utilise surtout des ISRS, inhibiteurs sélectifs de
la recapture de la sérotonine ; ces antidépresseurs bloquent la
dégradation de la sérotonine, ce qui augmente la concentration de l'hormone du
bonheur dans l'organisme).
Prendre soin de soi-même, au quotidien, et veiller à conserver une bonne hygiène de
vie, reste, in fine, la meilleure
manière de prévenir la dépression saisonnière et de passer un hiver serein. À
tous les conseils dispensés dans cet article, nous nous permettons d’ajouter
les suivants : misez sur une bonne aération de vos espaces de vie.
Ajoutez-y des plantes vertes. Créez une atmosphère « cosy », feutrée,
propice à la détente et au bien-être. Tissez votre cocon hivernal. Soufflez, de
temps à autre, essayez de mettre de côté le travail, les soucis passagers.
Profitez du temps sec pour sortir, mais aussi du temps pluvieux pour apprécier
une tisane et bouquiner sous un plaid bien chaud… En deux mots,
chouchoutez-vous !